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Olugbenga Agboola, prince de la fintech africaine et créateur de licorne

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Lorsqu’on parle d’acteurs emblématiques de la fintech en Afrique, on pense incontestablement à l’entrepreneur nigérian et cofondateur de Flutterwave, Olugbenga Agboola. “Société de services financiers la mieux valorisée en Afrique” et “troisième licorne africaine de la finance” pour Flutterwave; désignation sur la liste des “40 Under 40” du magazine économique américain Fortune, ou encore sur celle des “100 personnalités émergentes” de Time magazine pour Agboola…, depuis quelques années, Olugbenga Agboola et sa start-up s’illustrent dans les levées de fonds et classements prestigieux. Mais qui est donc l’homme fort derrière Flutterwave ? Quel est son secret ? Fanaka&Co a mené l’enquête.

 

Le parcours d’excellence couronné de diplômes prestigieux

 

 

 

Né à Lagos au Nigeria en 1985, GB comme on l’appelle, commence ses études dans son pays natal. Il y effectue son cursus primaire, puis son secondaire avant de s’envoler vers l’étranger pour ses études supérieures. Il pose d’abord ses valises aux États-Unis, puis à Londres. En jeune prodige passionné de finance et de technologie, il fréquente les universités et écoles d’élites dont le Wharton School, considéré comme la plus prestigieuse école de commerce américaine. Il y étudie le management de programme en 2015. Deux ans plus tard, il suit un programme de stratégie marketing à Kellogg, l’école de management de l’Université de Northwestern, à Chicago. 

 

Ensuite, direction l’Angleterre, où son passage dans l’université de Westminster s’est vu sanctionné d’un diplôme en gestion de projet et informatique avancée. Il obtient également une certification en sécurité informatique à EC-Council University, première institution d’enseignement supérieur américaine spécialisée dans les technologies de la cybersécurité

 

Déterminé à devenir un expert incontesté de l’informatique et des technologies, Olugbenga Agboola ne s’arrête plus ! Il accumule les formations et décroche des diplômes et certificats avec brio, dont une maîtrise en sécurité des technologies de l’information et en ingénierie comportementale. Pour parfaire son parcours déjà bien riche, il s’inscrit dans l’une des meilleures universités au monde, le MIT (Massachusetts Institute of Technology) de Cambridge, où il obtient un MBA en technologie et gestion de projet informatique.

 

Ces certifications obtenues dans les établissements les plus convoités du monde lui permettent de se doter de savoir-faire de pointe dans le domaine de l’informatique, de la cybersécurité et de la gestion de projet. Armé de diplômes et de compétences pluridisciplinaires (hacking, sécurité informatique, services bancaires, marketing de produits etc.), Olugbenga Agboola se construit en parallèle une carrière digne des plus grands hommes de ce monde.

 

Une carrière déterminante

 

 

En 2003, à Londres, Olugbenga Agboola intègre l’entreprise British Telecom Professional Services en tant que développeur d’applications. Un an plus tard, il développe des solutions fintech pour PayPal. L’année suivante, en 2005, il intègre la Guaranty Trust Bank (Nigeria), une des plus importantes institutions bancaires d’Afrique Subsaharienne. Il y restera 4 ans avant de rejoindre la Standard Bank Nigeria pour 5 années. Lors de cette expérience, il gravit les échelons et occupe le poste de  chef de projet technologique pendant plus de 4 ans. Au cours de cette période, il met au point une solution de paiement biométrique pour la banque.

 

Parmi les autres expériences professionnelles d’Agboola, figure le géant d’internet Google, chez qui il devient chef de produit Google Wallet, d’octobre 2014 à novembre 2014. Aussitôt cette expérience terminée, il se retrouve à la tête du département innovation et transformation digitale de la banque multinationale nigériane Access Bank. Ce qui vient élargir son CV déjà assez impressionnant. 

 

Notons aussi que le parcours d’Olugbenga Agboola ne se limite pas qu’à des postes dans des banques et institutions internationales. En bon multitâche, ce leader et grand visionnaire s’est aussi exercé à l’entrepreneuriat, parallèlement à ses études et expériences en entreprises. Par exemple, avant d’intégrer British Telecom, il a fondé QuickFix NT, une entreprise via laquelle, il fournit des solutions aux développeurs. En outre, lorsqu’il quitte Access Bank, il revêt la casquette d’entrepreneur senior en résidence à Africa Fintech Foundry, de mai 2016 à août 2018. Deux mois plus tard, il est entrepreneur à la Royal Bank of Scotland Business. Il a également lancé un projet de mobile money à travers lequel il offre plusieurs services bancaires : ouverture de comptes, paiement de factures, services de transfert d’argent, retraits sans carte aux distributeurs automatiques via des téléphones mobiles.

 

Ces diverses et riches expériences auront ouvert les coulisses de la finance à Olugbenga Agboola. Cela lui permettra de se rendre compte qu’en Afrique, les services de paiement en ligne ne sont pas interopérables. Il décide de solutionner le problème, quitte son poste à Access Bank en mai 2016, pour lancer sa solution de paiement numérique parfaitement harmonisé. Il le nomme Flutterwave, une fintech née à Lagos qui, aujourd’hui, est valorisée à  3 milliards.

 

A la tête de la troisième licorne africaine

 

Flutterwave

 

Olugbenga Agboola n’est pas seul dans ce projet qui va révolutionner le secteur de la fintech africaine. En effet, il y est rejoint par une autre grosse pointure du domaine, précédemment en poste à Andela, Iyinoluwa Aboyeji. Ensemble, ils cofondent Flutterwave, une société de paiement américano-nigériane ayant des bureaux à Lagos et à San Francisco. Flutterwave fournit une infrastructure et des services de paiements numériques qui permettent aux commerçants, aux fournisseurs de services de paiement et aux banques panafricaines, d’accepter et de traiter les paiements sur différents canaux. Le tout, en Afrique et partout ailleurs dans le monde, sans aucune incompatibilité de systèmes ou de services financiers. 

 

La solution du prince de la fintech africaine est une véritable aubaine pour les commerçants du continent. En effet, même s’il existe des systèmes de paiement solides au niveau national, ces solutions ne sont pas en mesure d’interagir entre elles, ni de permettre aux utilisateurs d’effectuer et de recevoir des paiements au-delà des frontières. Ce système fragmenté a besoin d’un moyen de paiement central pour faciliter le commerce sur le continent, un besoin  auquel répond Flutterwave. Pour y arriver, la start-up utilise une Application Programming Interface (API) capable de traiter toute forme de paiement partout en Afrique. Et ça marche! Rien que pour 2020, le nombre de transactions réalisées dans 17 pays africains s’élevait à 80 millions d’opérations, pour une valeur de 7,5 milliards de dollars.

 

Autre fait intéressant, après la démission de son associé Aboyeji en 2018, Olugbenga, précédemment responsable de l’innovation au sein de l’organisation, accède au poste de PDG et réussit à porter la société innovante à un autre niveau. En effet, très vite, en 2019, Flutterwave attire de grands noms du secteur financier mondial tels que VISA et MASTERCARD et ne cesse d’attirer les investisseurs, de même que les gros clients tels que Jumia, Facebook et UBER.

 

Cette même année, les fortes connaissances en management et en exécution de projets du nouveau CEO, lui permettent de faire décrocher à sa compagnie, plusieurs distinctions dont le Changing Africa Award (AppsAfrica Award à Cape Town). L’entreprise est également sélectionnée par Fast Company sur la liste des 10 entreprises les plus innovantes d’Afrique. 

 

Autre fait remarquable, Agboola et son équipe ont pu bénéficier du passage aux paiements numériques au cours de la crise sanitaire pour intégrer rapidement plus de clients. Flutterwave a pu ainsi lever un tour de table de série Bai de 35 millions de dollars. Notons qu’en 2016, elle comptait déjà une levée de fonds de 10 millions de dollars, suivie d’une série A non divulguée en août 2017.

 

En mars 2021, l’entrepreneur réussit à lever pour financer l’expansion de sa start-up, 170 millions de dollars américains lors d’un cycle de financement dirigé par Avenir Growth Capital et Tiger, portant la valorisation de Flutterwave à 1 milliard de dollars. C’est ce nouveau succès qui permet à cette dernière d’être élevée au statut de licorne. Le nombre de transactions traitées est aussi porté à 140 millions pour un montant total de 9 milliards de dollars.

 

En début d’année 2022, le prince de la fintech annonce une nouvelle levée de fonds de 250 millions de dollars, ce qui porte cette fois-ci la capitalisation boursière à 3 milliards de dollars. Désormais plus grande start-up africaine de la fintech, Flutterwave offre ses solutions de paiement à plus de 600 000 entreprises, pour un montant de 16 milliards de dollars, dans 34 pays africains et dans le monde.

 

Les distinctions du génie nigérian

 

Le patron de Flutterwave a reçu les récompenses les plus convoitées dans le secteur des finances et de l’entrepreneuriat au monde. En 2021, Agboola est ainsi sur la liste annuelle des 100 personnalités émergentes « TIME100 Next » de Time magazine. 

 

En 2020, il figure sur la liste très convoitée des 40 Under 40 du magazine économique américain Fortune qui désigne les jeunes leaders de moins de 40 ans les plus talentueux de l’année. 

 

Un an plus tôt, en mai 2019, il était l’un des six entrepreneurs africains à rejoindre Endeavour à Madrid, en Espagne. Il s’agit d’une organisation à but non lucratif qui soutient les entrepreneurs à fort impact dans le monde entier. 

 

Toujours en 2019, Olugbenga Agboola est reconnu comme l’un des Quartz Africa Innovators 2019 pour sa contribution dans l’espace fintech. Ces distinctions d’excellence, lui valent une reconnaissance internationale et le propulsent comme l’un des acteurs incontournables de la fintech africaine. 

 

Mais quel est donc le secret de réussite d’Olugbenga Agboola ? Pourrait-on se demander. Le principal concerné l’attribue à ses collaborateurs, sa principale “force motrice”. Son style de leadership empathique et son sens de l’innovation y sont également sans doute pour quelque chose. L’entrepreneur en est convaincu, il faut beaucoup de concentration et de conviction pour rester fidèle à ses objectifs et réaliser ses projets.

 

Un homme à suivre

 

L’expert en technologie financière et informatique n’a pas encore fini d’épater son monde. Comme il le dit si bien “depuis sa création en 2016 (NDLR Flutterwave), notre objectif a été de créer des possibilités infinies pour les clients et les entreprises en Afrique et dans les marchés émergents. C’est ce que nous avons fait et continuerons de faire : relier les marchés émergents aux économies mondiales. Nous continuerons à approfondir notre présence dans les territoires où nous opérons, tout en innovant sur de nouveaux produits et services.” La messe est dite, Ougbenga va sûrement continuer d’innover et de collaborer avec d’autres acteurs de l’écosystème technologique pour leur permettre de prospérer. Il est d’ailleurs récemment nommé membre du conseil consultatif de Buy Now, Pay Later (BNPL) Lipa Later, une plateforme kényane de crédit à la consommation qui espère bénéficier de ses conseils d’expert pour réussir son expansion au-delà du Kenya. 

 

 

Sur un autre registre, Business Insider Africa vient d’annoncer les nominés pour ses premiers Business Insider Africa Awards. Et sans grande surprise, M. Agboola fait partie des nominés pour la catégorie Leader Fintech de l’année. A travers cette catégorie, Business Insider Africa Awards vise à reconnaître et célébrer les dirigeants influents qui favorisent le changement et qui ont un impact significatif sur l’industrie des fintechs en Afrique subsaharienne. Il ne nous reste plus qu’à suivre l’évènement de près pour espérer le voir décrocher ce nouveau sésame.

 

Avril 2022 : accusations de fraude, de délit d’initié et de harcèlement sexuel

 

Ce 12 avril 2022, un article publié sur le site West Africa Week secoue Agboola et sa licorne. Dans ce billet qui a été retweeté plus de 11 000 fois, l’auteur David Hundein et lauréat du Prix du journalisme populaire pour l’Afrique 2020, revient en long et en large sur son enquête sur Flutterwave. L’article rempli de documents, d’enregistrements et d’e-mails top secrets, raconte une histoire très différente de ce qui est jusqu’ici connu du public.

 

Harcèlement sexuel, délit d’initié, transactions frauduleuses… sont quelques-unes des accusations proférées à l’endroit de Flutterwave et de son PDG. Par exemple, d’après le journaliste, Olugbenga Agboola n’aurait pas démissionné de son poste chez Access Bank pour se lancer dans l’aventure Flutterwave. Il aurait d’ailleurs caché son implication simultanée dans les deux entités aux investisseurs et ses collègues d’Access Bank, utilisé Iyin Aboyeji comme couverture, et usé de son poste dans ladite banque pour servir ses intérêts pendant 2 ans. Rappelons qu’au début de Flutterwave, Agboola en était le COO pendant qu’Aboyeji occupait le poste de PDG. Iyin Aboyeji et le DG d’Access Bank se seraient d’ailleurs rendus à Washington pour répondre à une enquête d’US Securities and Exchanges Commission concernant ce délit d’initié en 2018, d’après West Africa Week. Sur une série de tweets, le premier nommé affirme s’être rendu seul à Washington, qu’ils ont été blanchis et qu’on chercherait à salir sa réputation par ces attaques. 

 

Dans cette enquête que nous vous invitons à lire pour vous forger votre propre opinion, Olugbenga Agboola y est décrit comme un homme persuasif, fraudeur et qui fait souvent usage de menaces et d’intimidation pour faire taire ses collaborateurs et “victimes” (promesses non tenues, licenciement sans raison, environnement toxique…). Concernant ses sources, l’auteur cite entre autres 4 ex employés dont il a pris le soin de cacher leur identité pour leur éviter d’éventuelles représailles.

 

Après la publication de l’article de David Hundein, le principal incriminé, GB, menace de saisir la justice pour démonter les accusations.

 

Depuis qu’il a quitté son excellent poste à Access Bank pour fonder sa société de paiement en 2016, Olugbenga n’a cessé de laisser ses marques dans le monde assez restreint de la Finance. Il a réussi à construire la plus grande infrastructure de paiement disponible sur le continent africain et en a fait l’une des locomotives qui tirent le secteur  de la Fintech sur le continent. Toutefois, il reste important de noter que le monde de la Fintech est en perpétuelle évolution, et la licorne construite par Olugbenga et son équipe compte désormais des concurrents de taille, comme Chipper Cash qui facilite les paiements transfrontaliers en Afrique. Et on pourrait se demander, au vu du parcours du prince de la fintech en Afrique, quelle sera sa prochaine solution innovante pour l’Afrique.