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Omar Cissé, l’ingénieur système qui cumule les success stories dans l’entrepreneuriat

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Les individus sont influencés par leur environnement immédiat, cela est connu. Omar Cissé en est une parfaite illustration. Avec un père et des frères entrepreneurs, s’orienter vers la voie entrepreneuriale apparaissait comme une évidence. “Un jour, je dirigerai le patronat”, c’est ainsi que le Sénégalais répondait lorsque, jeune, on lui demandait ce qu’il voulait faire plus tard. Depuis, l’homme a fait du chemin. Omar a en effet créé de nombreuses entreprises à succès parmi lesquelles InTouch, la célèbre fintech qui a levé 10 millions d’euros en 2017, soit la plus grosse levée de fonds jamais réalisée par une start-up d’Afrique francophone. Fin stratège et excellent manager, zoom sur ce « produit local » sénégalais qui montre qu’il est bien possible d’entreprendre en Afrique et d’y réussir.

Un pur produit de l’école sénégalaise et formateur certifié

 

Le fin entrepreneur que le monde connaît aujourd’hui a passé tout son cursus scolaire dans son pays d’origine, le Sénégal. C’est en 1997 après l’obtention de son baccalauréat, qu’Omar Cissé intègre l’Ecole Supérieure Polytechnique de Dakar (ESP, ENSUT à l’époque), un établissement de référence ouest-africaine dans la formation d’ingénieurs dans des domaines tels que l’informatique, la mécanique, l’électronique, le génie civil. Il y obtient son diplôme en ingénierie de conception en informatique et nouvelles technologies en 2001, avant de compléter son cursus par un MBA en 2007, à l’Institut Supérieur de Management (ISM) installée dans la capitale sénégalaise. Ce parcours 100% local est sans aucun doute un atout pour Omar. En effet, cela lui a permis d’être bien ancré dans les réalités locales, de vivre les vrais problèmes et de pouvoir les résoudre.

 

Après ce parcours sans faute dans les écoles sénégalaises, Omar Cissé entame sa vie d’entrepreneur et continue de se former en parallèle afin de se positionner en spécialiste dans les domaines qui l’intéressent. Dans cette dynamique, l’expert en accompagnement d’entreprises et en Technologies de l’information et de la communication se certifie en incubation d’entreprises par Infodev. Il s’agit d’un programme de partenariat mondial du réseau finance et développement du secteur privé du Groupe de la Banque mondiale. L’entité entretenant un réseau d’environ 400 pépinières d’entreprises réparties dans plus d’une centaine de pays, à travers lesquelles, il soutient des jeunes entrepreneurs et entreprises en création par le biais d’un accompagnement, d’un espace de travail et, dans la plupart des cas, d’un financement initial.

 

Omar est d’ailleurs intervenu pour Infodev, pendant 3 ans, en tant que formateur en incubation d’entreprises dans plusieurs pays du continent dont le Libéria, le Rwanda, l’Afrique du sud ainsi que le Nigéria. Son expertise en tant que coach est reconnue et l’homme brille également dans sa vie d’entrepreneur.

 

Un entrepreneur aguerri fort de ses multiples expériences

 

Durant son cycle d’ingénieur, Omar et quelques amis décrochent des contrats de développement de sites web avec des entreprises locales. Ils exécutent les marchés dans leurs chambres d’étudiants avec pour seul matériel leurs ordinateurs portables. Ils se plaisent dans cette activité et réussissent même à obtenir des rémunérations supérieures à celles des ingénieurs. Ces opportunités et l’influence de sa famille aidant, il était évident pour le jeune homme que le salariat n’était pas une option. Le jeune ingénieur se sent pousser des ailes et se jette à l’eau.

 

Un an à peine après avoir décroché son diplôme d’ingénieur, Omar Cissé, fils d’entrepreneur, co-crée 2SI, une société d’ingénierie logicielle et de solutions mobiles en Afrique de l’Ouest qu’il dirige à partir de 2005. L’entreprise fondée en 2001 démarre dans une salle prêtée par l’ESP, l’école d’où ils sont fraîchement sortis diplômés et compte aujourd’hui une quarantaine d’employés. 5 ans plus tard, Cissé quitte la direction de sa première entreprise. Ce départ fait l’effet d’une bombe pour ses associés qui le vivent comme un abandon voire une trahison. La mère du jeune entrepreneur ne le comprend pas non plus, “on ne lâche pas sa famille”, lui dit-elle. C’est l’incompréhension générale. Omar qui a le sentiment d’avoir atteint les limites reste ferme sur sa décision et quitte le navire. La rupture est dure mais il était persuadé d’avoir autre chose à faire ailleurs dans l’écosystème. Il en est persuadé, les entrepreneurs ont besoin d’un mentor pour discuter de leurs problématiques. L’idée de son prochain projet est donc toute trouvée.

 

Il se lance alors, la même année, et fonde CTIC Dakar, le premier incubateur dans les technologies dans la partie francophone de l’Afrique de l’Ouest. Il restera à la tête de l’entreprise pendant 3 ans durant lesquels il met son expérience au profit des entrepreneurs du secteur des TIC. CTIC Dakar a accompagné, en quelques années, une centaine d’entrepreneurs et est devenu un outil de référence en Afrique pour l’accompagnement des entreprises. L’expérience de la société est d’ailleurs en train d’être dupliquée dans plusieurs pays africains dont le Niger et le Mali, par des partenaires ayant participé à sa mise en place, précise-t-il sur sa page LinkedIn. Mais Omar en veut encore plus et flaire une autre bonne piste : les paiements mobiles.

 

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Le gestionnaire de projet et expert en technologie mobile a en effet observé que, rien qu’à “Dakar, environ 20 000 points de vente proposent des transferts d’argent, des crédits pour téléphone, des services bancaires de paiement sur mobile.” Et malheureusement ces solutions ne sont pas interopérables. Il lance donc, en 2015, Intouch, une start-up fintech spécialisée dans les solutions d’agrégation de moyens de paiements et de services digitaux. Fait important, il a démarré cette plateforme qui rend interopérables les solutions de paiements sur mobile sur fonds propres et avec seulement 4 ingénieurs.

 

En 2016, persuadé que le maillon faible de l’écosystème c’est le financement, avec Olivier Furdelle et en partenariat avec Investisseurs et Partenaires, il cofonde le fonds d’investissement Teranga Capital, un véhicule d’investissement dédié aux PME du Sénégal. Il est “positionné sur le fameux missing middle, ces entreprises trop grosses pour bénéficier du microcrédit mais trop petites pour les banques” déclare-t-il. Il y restera deux ans avant de, une fois encore, quitter le navire qu’il a co-construit. Les raisons ? Il veut, entre autres, refaire des choses par lui-même… Il pouvait ainsi se consacrer à 1000% à Intouch. Et cela a porté ses fruits, puisque l’entreprise innovante devenue une vraie success story fait aujourd’hui 40 à 50% de croissance et compte pas moins de 400 employés. Elle est également présente dans 12 pays en Afrique. L’homme de 45 ans se distingue également dans d’autres secteurs tels que l’aviculture et le multimédia dans lesquels il développe des entreprises. Il a aussi cofondé l’Association Sénégalaise des Entreprises des TIC.

 

Identifier des problèmes et y apporter des solutions, c’est le fort d’Omar Cissé. Une telle force et l’environnement familial dans lequel il a grandi ont sans nul doute fait d’Omar un entrepreneur né. Il est d’une débrouillardise hors pair et a le nez pour les affaires. S’étant lancé très tôt dans l’entrepreneuriat, il a multiplié les entreprises à succès, puis est passé acteur dans les structures d’accompagnement, ensuite dans les fonds d’investissement, et a créé Intouch, un acteur majeur dans les solutions de paiements. Après l’avoir vu toucher à la fintech, à l’agrobusiness, au financement etc., on se demande quel est le prochain secteur auquel l’ingénieur des systèmes va s’attaquer dans le maillon de l’entrepreneuriat ?