Chaque écosystème a besoin de success stories pour motiver les futurs entrepreneurs. En Afrique, plus précisément dans la tech, le Nigéria fait office de bon élève en la matière et Shola Akinlade fait partie de cette génération d’entrepreneurs qui surmontent les obstacles, créent des entreprises prospères et sont source d’inspiration pour les générations actuelles et futures. Partons à la découverte de cet ingénieur logiciel et PDG de Paystack, l’une des startups fintechs les plus prometteuses du continent.
Un pur produit de l’éducation nigériane
Si certains entrepreneurs affichent un parcours en Europe ou aux Etats-Unis, Shola Akinlade peut fièrement se targuer d’une scolarité entièrement faite au Nigéria, son pays natal. Né à Lagos, Akinlade fréquente le lycée missionnaire catholique pour garçons, le St. Gregory’s College. Il termine son cursus secondaire en 2002 puis entre au Babcock University, une université nigériane privée chrétienne mixte, où il obtient son bachelor en sciences informatiques en 2006.
L’année suivante, ce pur produit de l’école nigériane, commence sa vie professionnelle chez Nigerian Breweries Plc, la plus grande brasserie du pays, détenue en partie par Heineken. Il y évolue en tant que stagiaire, puis gestionnaire de la base de données de la compagnie. Au bout de 2 ans, il s’y ennuie un peu et estime avoir fait le tour. Persuadé de ne trouver sa vocation que dans l’entrepreneuriat, le jeune Akinlade quitte l’entreprise, des rêves et des défis plein la tête, prêt à affronter le monde de l’entrepreneuriat.
Les débuts fondateurs du futur succès de Shola Akinlade
En 2009, Akinlade se lance enfin, déterminé, les yeux brillants. Avec Mayowa Okegbenla, un jeune diplômé en informatique comme associé, et armé de compétences avérées en architecture logicielle, il cofonde Klein Devort, une société de conseils et de développement de logiciels dédiée à la résolution de problèmes commerciaux. Son produit phare, Precurio, est une plateforme de collaboration Intranet simple et efficace. Cette solution distribuée en tant qu’application open source est disponible en six langues, et aujourd’hui utilisée par au moins 200 000 organisations évoluant dans des marchés émergents, dans plus de 40 pays dans le monde.
Le talent de Shola Akinlade, ce jeune Nigérian à peine diplômé, mais déjà très prometteur, attire l’attention. Plusieurs banques locales le sollicitent pour développer leurs propres outils, lui ouvrant par la même occasion la porte des paiements mobiles. En intervenant auprès de 3 d’entre elles en tant qu’ingénieur logiciel, l’ambitieux Akinlade se rend compte de l’opportunité d’élaborer un moyen facilitant les paiements pour les entreprises en Afrique. Cette prise de conscience marqua les prémices de Paystack, la plateforme de paiement innovante qui permet désormais aux commerçants nigérians, de recevoir des fonds de n’importe où dans le monde.
Fondateur de la principale plateforme de paiement du Nigeria
Avant de fonder officiellement sa deuxième entreprise, Shola Akinlade décide d’aller sur le terrain à la rencontre de plusieurs entreprises africaines afin de mieux cerner leurs difficultés et besoins. Il comprend ainsi que de meilleurs solutions de paiement sont l’un des outils les plus importants dont ces entreprises ont besoin pour libérer leur potentiel. Fort de ces échanges fructueux, il peaufine son projet et met sur pied son “product market fit”. Et pour relever le défi, il s’associe avec Ezra Olubi, lui aussi ancien étudiant de Babcock University et expert technologique reconnu.
Le tandem joint son expertise en informatique et en technologie pour monter Paystack, une société de paiement qui permet aux commerçants en Afrique d’accéder à différents modes de paiements de leurs clients. Il leur suffit pour cela de se connecter à Paystack pour, presque immédiatement, pouvoir être payés via des cartes de débit et d’autres modes de paiement. Et cette prouesse aura nécessité deux ans de travail acharné pour passer du stade de l’idée au produit fini.
Fait important, au moment de son lancement officiel en janvier 2016, Paystack disposait déjà d’une liste d’attente d’environ 300 commerçants avec qui Shola était entré en contact pendant sa période de prospection sur les besoins de son marché cible. C’est sans nul doute grâce à sa profonde empathie, sa capacité à saisir des opportunités et à résoudre des problèmes que Shola Akinlade a réussi à enrôler ces entreprises dès le lancement de sa startup. En outre, cette percée est la preuve de l’opportunité que présentait une telle solution technologique pour les entreprises africaines.
PDG de la première startup nigériane à intégrer Y Combinator
Avant de lancer son entreprise à succès Paystack, en 2014, Shola qui avait déjà postulé sans succès à Y Combinator avec sa première entreprise, Klein Devort, décida de tenter à nouveau sa chance avec Paystack. Il se voit cette fois-ci invité à la Silicon Valley pour un entretien de 10 minutes. Grâce à ses qualités d’entrepreneur aguerri, son équipe de choc et son entreprise prometteuse, il a su convaincre et ainsi réussir à faire introniser Paystack en tant que première entreprise nigériane à intégrer le très convoité incubateur. En postulant au programme, celui qui veut “établir une norme pour la culture de l’ingénierie en Afrique”, n’avait réussi qu’à traiter 200 $ mensuels de transactions et pourtant, il a foncé, confiant sur la viabilité de sa solution. Et il avait raison, car les questions de Y Combinator portaient sur d’autres points comme sa capacité à construire son infrastructure… Il a ainsi obtenu un financement de 120 000 $ du programme et un accompagnement sur la construction de son infrastructure. Et si vous vous demandez quel élément différenciant a permis à la solution de Shola de séduire Y Combinator, le visionnaire l’explique très bien ainsi : “nous avions fait un énorme bond par rapport à ce qui existait jusque-là (NDLR les solutions de paiements). Avant, c’était environ sept étapes, et maintenant avec Paystack, c’est environ deux étapes.” Simple et tout aussi impressionnant.
Fort de son succès, Shola se concentre sur le développement de sa startup fintech et capte l’attention des investisseurs. En octobre 2020, l’américain Stripe acquiert la boîte qui s’était déjà installée au Ghana en 2018. Le montant de la transaction dépasse les 200 millions de dollars, l’une des plus grosses acquisitions de start-up jamais réalisées en Afrique. Depuis, Paystack poursuit son expansion en Afrique, notamment en Afrique du Sud et en Côte d’Ivoire, avec toujours Akinlade comme CEO.
Akinlade est un jeune prodige de la technologie qui a passé toute sa vie au Nigéria. Ayant été très tôt marqué par le virus de l’entrepreneuriat, il a fondé Paystack, la première fintech innovante du Nigeria qui poursuit désormais son expansion en Afrique. Avec l’objectif clair de stimuler la croissance d’entreprises africaines et de permettre de nouveaux modèles commerciaux, Akinlade a su se concentrer sur le développement de son entreprise et saisir les opportunités qui se sont présentées à lui. Aujourd’hui, le monde attend de voir le prochain défi que voudra relever celui qui a su relier le système financier ultra-fragmenté du secteur des paiements au Nigéria.
