Alain Capo-Chichi, si ce nom ne vous évoque pas grand-chose, cela changera d’ici à la fin de cette story. Enseignant, entrepreneur, chercheur, inventeur, Alain est un homme à plusieurs casquettes qui révolutionne le milieu de la formation et de la téléphonie mobile en Afrique. Aujourd’hui, nous vous amenons à la découverte de cet entrepreneur inspirant et talentueux dont l’histoire vous donnera envie de réaliser vos rêves.
Ses premiers pas dans l’enseignement…
L’histoire de Dr Alain Capo-Chichi commence en 1998 lorsque, à 20 ans, il décide de lancer une structure de soutien scolaire pour les enfants déscolarisés. C’est la partie émergée de l’iceberg puisque derrière cette décision, il y a une histoire et tout un parcours.
Né de parents commerçants, Alain a été très rapidement initié aux notions de l’entrepreneuriat et du commerce. Pendant les dix premières années de sa vie, sa famille a su aisément assurer sa scolarisation et pourvoir à ses autres besoins. Puis, quelques années plus tard, les activités du paternel s’effondrent et le jeune garçon, alors en classe de CM2, vit des périodes difficiles. Il est alors confié à un tuteur, chez qui, après une année blanche, il reprend tant bien que mal le chemin de l’école.
C’est à ce moment qu’il fait ses premiers pas dans le soutien scolaire. En effet, un parent d’élève, voisin de son tuteur, lui propose mille cinq cents francs CFA le mois pour encadrer ses deux enfants et leur prodiguer des cours à la maison. Très vite, la nouvelle se répand dans le voisinage : Alain donne des cours à domicile et aide les enfants à faire remonter leur niveau en classe. En peu de temps, l’effectif augmente et l’enseignant en herbes se retrouve avec une vingtaine d’élèves issus de son quartier d’adoption. Pour des raisons de logistique, les cours sont désormais dispensés dans une école du voisinage et les enfants ne cessent d’affluer. Alain sollicite alors l’aide d’autres élèves, ses aînés, afin de l’aider à dispenser des cours à ses petits protégés.
Cette entreprise qui, au départ, devait lui garantir un déjeuner au quotidien, devient un concept de plus en plus prisé et apporte de la valeur autour de lui. Capo-Chichi et son petit groupe de « formateurs juniors » sont dorénavant sollicités par des établissements scolaires et sa cible se diversifie. Au bout de trois ans d’activité, le petit business compte près de 3000 élèves.
Malgré la masse de travail à laquelle il doit faire face, le jeune entrepreneur arrive à poursuivre ses études et à dispenser des cours de soutien les samedis et mercredis soir. Pendant cette période, il fait un constat : les élèves qu’il encadre ont de bons résultats, mais faute de moyens, ils ne peuvent poursuivre leurs études au secondaire. C’est ainsi que lui vient l’idée de monter une école accessible à tous, même aux personnes non scolarisées. Il s’y lance à la fin de sa classe de Terminale. À partir de cet instant commence alors la véritable histoire entrepreneuriale de M. Capo-Chichi.
L’ascension fulgurante du Groupe Cerco
Le projet de créer cette école était certes une idée brillante, mais Alain n’avait pas les ressources financières ni les autorisations nécessaires pour se lancer. Cet obstacle aurait peut-être suffi à d’autres pour abandonner, mais c’est mal connaître l’ambitieux jeune homme.
Dans ses recherches de solutions, il apprit que l’un de ses anciens professeurs s’apprêtait à fermer son école. Celle-ci n’avait pas enregistré assez d’apprenants à cause de la scolarité visiblement trop élevée. Alain lui propose alors de lui octroyer la location-gérance de cet établissement. En contrepartie, il lui paierait un million cinq cent mille francs CFA par an.
Bien que n’ayant pas de fonds propres, au début de cette aventure, Capo-Chichi pouvait néanmoins tirer profit de son expérience dans l’accompagnement scolaire, sur un garant financier, ainsi que sur le personnel qu’il avait déjà mobilisé les années précédentes. À cela, s’ajoutait le fait que le modèle qu’il proposait aux élèves et à leurs parents était assez innovant. En effet, l’école proposait une formation à coûts réduits, accessible à tous et la possibilité de se former à l’informatique et à l’entrepreneuriat.
En six mois, Alain et son équipe réussissent à enrôler pas moins de 1125 élèves. Fort de ce succès, il décide alors de ne pas poursuivre ses études et de se consacrer pour le moment à sa nouvelle entreprise. Ses parents s’y opposent, son tuteur le met à la porte. Après trois jours à dormir à la belle étoile, Alain est plus que jamais convaincu qu’il veut entreprendre dans le domaine de la formation. Le jeune entrepreneur persévère et continue son projet malgré les obstacles. Et il a eu raison, puisque les chiffres n’ont fait que grimper. Au bout de cinq ans, Alain avait déjà ouvert 70 écoles un peu partout au Bénin, des salles informatiques, des cybercafés et des universités sous la dénomination “Groupe Cerco”. Pour rester authentique et continuer d’apporter de la valeur, ses offres demeurent innovantes et dans une approche d’amélioration continue.
Des actions à fort impact social, des titres et des distinctions méritées
Six ans après la création du groupe Cerco, en 2004, Alain Capo Chichi reçoit dans son pays natal le prix du meilleur manager de l’année. En 2005, il est le seul Africain à figurer sur la liste des dix candidats de 18 à 40 ans sélectionnés par la Jeune Chambre Internationale. Il s’agit d’une organisation à but non lucratif de jeunes citoyens actifs qui sont engagés à créer un impact dans leurs communautés. L’objectif est de récompenser et valoriser les projets à fort impact social. Les initiatives du Groupe Cerco lui permettent de décrocher le trophée. Puis, en 2010, il est élu par la CDEAO (Communauté Économique des États d’Afrique de l’Ouest) meilleur jeune entrepreneur dans le domaine de l’innovation.
À noter que le jeune homme qui avait volontairement interrompu ses études, les a reprises six ans après avoir ouvert ses établissements. Il a pu ainsi obtenir son master en ingénierie des systèmes d’information avec la mention « très bien » et son doctorat en sciences de l’information et de la communication en cotutelle avec l’université de Montréal et l’université de Paris 8. Aujourd’hui, Alain Capo-Chichi est maître-assistant des universités en génie informatique à l’Université Paris 8. C’est également un membre associé de la chaire Unesco sur les TIC de l’Université de Bordeaux.
Quant au Groupe Cerco, il est présent au Bénin, en Côte d’Ivoire, au Mali, en France et en Chine. Cet établissement est plus qu’un simple lieu de formation. C’est un hub d’innovation offrant des services digitaux B2B allant du web marketing au copywriting, en passant par la communication web. Dr Capo-Chichi en a donc fait du chemin depuis la classe de CM2 et ce n’est pas fini !
Et aujourd’hui…
Établi en Côte d’Ivoire, le serial entrepreneur est à l’origine du « Superphone ». Il s’agit d’un smartphone doté d’intelligence artificielle, utilisable à 100 % en commande vocale et capable d’anticiper les besoins de son utilisateur en s’adaptant à ses habitudes et ses préférences. Le surnom « Superphone » s’explique par le fait que pour son concepteur, ce nouvel outil est une version améliorée du smartphone tel que nous le connaissons.
Sa force réside dans ces options de commande vocale et dans cette super application capable de réaliser plus d’une cinquantaine de tâches de la vie quotidienne comme : acheter des biens et des services en ligne ou en boutique, de manger, de vous déplacer (le covoiturage), de créer, gérer et participer à des évènements et de vous soigner. Elle vous aide aussi à faire des recherches personnalisées, à trouver des pharmacies, des hôpitaux ou des médicaments. Ce téléphone révolutionnaire, accessible aux analphabètes, parle, en plus de l’anglais, du français et de l’arabe, plus qu’une cinquantaine de langues africaines dont 16 ivoiriennes avec une vision de 1000 langues africaines d’ici à l’an prochain.
M. Capo Chichi a aussi inventé et lancé, en septembre 2022, un smartphone à 1 dollar. Il s’agit d’un téléphone virtuel sous forme de carte dotée d’un QR code et qui a le super pouvoir de transformer tout type de smartphone en « superphone » qui vous parle. Il peut être utilisé quand votre batterie est déchargée, quand votre téléphone est volé ou perdu, et même quand vous n’avez pas de téléphone. Il dispose, en outre, de diverses fonctionnalités telles que les appels, les SMS ou encore WhatsApp. Il permet aussi les achats de crédit téléphonique, ainsi que l’envoi et la réception d’argent (Orange, MTN, Moov et Wave).
Et ce n’est pas tout, l’entrepreneur à succès a aussi noué un partenariat avec UBA pour déployer un autre projet : un service de portefeuille électronique inter-réseaux baptisé Open Pay, permettant aux utilisateurs de réaliser des opérations entre les réseaux MTN, Moov, Orange et Wave.
Ce sont là, entre autres, les différents projets du groupe Cerco sortis tout droit de la créativité de M. Capo-Chichi, cet homme qui dès la classe de CM2 savait exactement où il allait. Il y a tant de leçons à tirer du parcours d’Alain Capo Chichi. La plus importante est probablement que rien n’est défini à l’avance, et qu’avoir une vision peut amener très loin et ce envers et contre tous les obstacles !
