Lorsque nous avons découvert Soso Care, nous étions agréablement surpris par l’originalité du concept. La startup nigériane échange des déchets recyclables contre une assurance maladie. Cette idée novatrice a germé dans l’esprit de Nonso Opurum. Aujourd’hui sa jeune entreprise innovante permet à de nombreux citoyens de bénéficier d’une couverture santé tout en se débarrassant de leurs déchets. Un concept grâce auquel Soso Care contribue à l’atteinte de plusieurs objectifs de développement durable (santé et bien-être, inégalités réduites, mode de consommation responsable entre autres).
Quand recycler permet de soigner
Il se développe sur le continent des solutions de plus en plus innovantes pour répondre aux préoccupations des populations. Soso care est l’une d’entre elles. Née en 2019, la startup est une insurtech à l’approche particulière. En effet, quand les sociétés d’assurances classiques ne perçoivent que des cotisations financières, Soso Care exige en priorité des déchets recyclables. Nonso Opurum, son cofondateur et PDG, est un ancien banquier reconverti en entrepreneur social et préoccupé par l’amélioration de l’accès aux soins de santé pour son peuple. De fait, le problème des inégalités au Nigeria touche également le secteur de la santé. Aujourd’hui encore, des millions de Nigérians ne disposent pas d’une couverture santé.
Le pays croule également sous une masse de déchets solides : 14 millions de tonnes générées par jour. Les mauvais résultats en termes de santé et les problèmes de pollution constituent un frein à la réduction de la pauvreté. Et le faible taux de pénétration des assurances n’aide pas. C’est pendant qu’il travaillait sur un projet de télémédecine que Nonso Opurum a trouvé l’alternative qui pourrait pallier les problèmes précédemment cités : Soso Care.
Soso Care: l’approche innovante d’une solution émergente de micro-assurance
Vous devez probablement vous demander comment des déchets pourraient se substituer à de l’argent. En réalité, Soso Care les utilise comme ressources financières en les vendant. En pratique, Soso Care convertit ces produits recyclables en monnaie, en les vendant, pour offrir l’accès aux soins de santé aux populations. Les fonds ainsi obtenus permettent aux habitants de bidonvilles, notamment aux femmes et aux enfants de bénéficier d’une micro assurance santé utilisable dans plus de 1000 hôpitaux du pays ainsi que des bons d’alimentation. Ainsi, avec 3 kg de déchets plastiques par mois, il est possible de bénéficier d’une prise en charge sanitaire.
Ce système très simple contribue à pallier trois différents problèmes du Nigeria : le faible taux de pénétration des assurances, la pollution et l’inégalité en matière d’accès aux soins de santé. L’entreprise innovante évolue dans le secteur informel non organisé et cible les communautés les plus desservies. Les utilisateurs peuvent évidemment financer leur propre plan d’épargne mais l’échange avec les déchets recyclables est le point fort de Soso Care.
La startup s’est également jointe aux services publics, aux entreprises ou aux syndicats afin de procéder à des collectes de déchets en échange d’une couverture santé pour des groupes ciblés. Pour ce qui est des affections prises en charge, elles sont plutôt légères, la micro assurance ne couvrant pas par exemple le cancer ou le diabète.
Un impact visible et un travail mondialement reconnu
Soso Care a été répertoriée par ONU Habitat comme l’une des 20 entreprises utilisant les déchets pour créer de la richesse. Elle a également été comptée parmi les cinq finalistes lors du sommet de la jeunesse Smart City Challenge organisé par la Banque Mondiale. Notons que Soso Care était en lice avec 885 candidats provenant de 98 pays du monde entier. Cette reconnaissance est largement méritée puisque grâce à son approche innovante, la startup contribue à l’atteinte de plusieurs Objectifs de Développement Durable.
Soso Care facilite l’inclusion sanitaire au Nigéria, augmente le taux de pénétration des assurances tout en luttant contre la pollution et ses impacts. Aujourd’hui, elle compte 19 centres de collecte à Abuja, Abia et Kaduna. Nonso Opurum vise 600 à 700 centres disséminés partout dans le monde. Il peut bien y prétendre puisque son modèle économique a séduit le gouvernement du Bangladesh, qui a fourni un financement à la jeune entreprise en 2020 afin de déployer son service dans ce pays d’Asie du Sud.