S’il est vrai que la corruption est un fléau mondial, il est tout aussi vrai que l’Afrique reste l’une des régions du monde les plus touchées par ce phénomène. Ceci amène certains gouvernements africains à mettre en place des mesures visant à dénoncer et combattre le problème, et cette même volonté de transparence motive les actions de bien d’organisations citoyennes. C’est le cas de BudgIT, une startup nigériane qui recourt à la technologie pour permettre aux personnes d’accéder aux informations sur les dépenses publiques. Une manière de conscientiser le gouvernement du pays sur ses responsabilités et l’amener à s’impliquer davantage dans cette lutte. Nous vous en parlons dans cette Fanaka Story !
La technologie au service de la responsabilité civique
Le combat contre la corruption requiert, entre autres, de renforcer les dispositifs de prévention au sein des administrations, d’amener les autorités à prendre conscience de leur impact et de faire face à leurs responsabilités. C’est dans cette optique que deux jeunes Nigérians, Oluseun Onigbinde, diplômé de l’Université d’agriculture d’Abeokuta et ancien employé de banque, et Joseph Agunbiade, diplômé en physique de l’Université fédérale de technologie de Minna, ont décidé de fonder la startup BudgIT. Cette structure mise sur des applications interactives pour améliorer la discussion civique et la réforme institutionnelle.
BudgIT est la première startup à se développer dans le principal hub technologique du Nigeria, Co-Creation Hub. Elle se présente comme une organisation civique qui utilise la technologie pour éclairer, mais surtout sensibiliser les citoyens sur des notions clés comme l’inclusion fiscale et autres questions des ressources extractives, avec pour objectif de renforcer la transparence entre élus et citoyens.
Depuis sa création en 2011, la petite entreprise innovante s’est bien développée et a réussi à attirer un bon nombre d’investisseurs. Elle a reçu entre autres plus de 500 000 $ de fonds de la part de fondations ou d’organisations comme Indigo Trust, la fondation Mac Arthur, OSIWA, ou encore le Département d’État américain.
En janvier 2017, elle obtient une subvention supplémentaire de 3 millions de dollars auprès d’Omidyar Network et de la Fondation Bill & Melinda Gates. Pour mener à bien ses différentes missions, la start up nigériane s’appuie également sur son partenariat avec la société civile, les médias, le bureau du budget et les institutions publiques.
Promouvoir la bonne gouvernance au Nigeria
Pour encourager une meilleure gouvernance au Nigéria, la startup d’Oluseun Onigbinde développe une plateforme accessible aussi bien sur le web que par téléphone mobile, pour que les Nigérians puissent consulter les dépenses publiques du gouvernement. La plateforme compte à ce jour plus de 5 millions de visiteurs qui ont par la même occasion la possibilité de publier des photos de leurs projets de développement.
BudgIT a également lancé en 2014 Tracka, un outil dont la mission est de suivre la mise en œuvre des projets gouvernementaux au sein des différentes communautés. Disponible dans 20 États, Tracka permet aussi aux chargés de projet de BudgIT d’apporter leur aide aux populations en les amenant à échanger avec leurs élus pour en savoir plus sur l’aboutissement des projets gouvernementaux dans leurs quartiers.
Toujours dans le but de dénoncer et de combattre la corruption, le gouvernement nigérian, et plus particulièrement le ministère du budget, a fait appel aux services de BudgIT pour faire la lumière sur la gestion des dépenses des industries minières du pays. “L’objectif est de veiller à ce que chaque citoyen nigérian soit en mesure de comprendre la façon dont les finances publiques sont utilisées.” avait souligné Seun Onigbinde lors du lancement de la startup.
Il semblerait aujourd’hui que cet objectif soit en bonne voie d’être atteint. En effet, plus de 8000 demandes de données uniques issues d’entités, d’individus privés et d’entreprises de développement, ont déjà été traitées par BudgIT qui s’érige désormais comme une plaque tournante fiable pour l’utilisation des données sur les finances publiques au Nigeria.
Depuis son lancement au Nigéria en 2011, la plateforme BudgIT a su s’imposer comme une application qui contribue activement à lutter contre la corruption et le manque de transparence dans les administrations publiques. Avec une jeunesse africaine de plus en plus exigeante et politisée, ce genre d’initiatives utiles pour la bonne gouvernance va peut-être se multiplier dans les autres pays africains.