Maureen Ayité est une jeune entrepreneure propriétaire de l’une des plus grandes marques de mode en Afrique : Nanawax. C’est une femme d’affaires qui a de redoutables compétences d’agent immobilier et un goût sûr pour les belles choses. Son succès dans ses entreprises en ont fait une véritable influenceuse, cumulant des milliers d’abonnés sur Instagram. La jeune femme semble tout simplement avoir été créée pour transformer en or tout ce qu’elle touche. Derrière les réussites de Maureen, se cache le parcours d’une trentenaire qui a progressivement gravi les échelons, en faisant des sacrifices quand cela s’avérait nécessaire. Zoom sur Maureen Ayité, l’une des entrepreneures africaines les plus influentes de sa génération.
Maureen Ayité et les prémisses de Nanawax
Maureen est née en mars 1988 à Levallois-Perret, en France. Elle a grandi et a étudié en Côte d’Ivoire et au Bénin. Ses études supérieures se sont déroulées en France, où elle a obtenu une licence en Langues, Littérature & Civilisations Etrangères. À l’époque, la jeune femme n’envisageait pas de faire carrière dans le milieu de la mode. Quand cette aventure qui a abouti aujourd’hui à l’empire Nanawax commençait, son objectif était juste d’obtenir la somme qui lui permettrait de se rendre en Bulgarie pour effectuer son stage à l’école des sourds.
Il faut savoir que Maureen est la petite-fille d’une vendeuse de pagnes. C’est cette activité qui a permis à sa grand-mère d’acquérir une stabilité et une indépendance financières. Cela a probablement réveillé chez Maureen l’amour du pagne. En effet, dès l’adolescence, la jeune femme récupérait des chutes de tissus de sa grand-mère pour se faire confectionner des accessoires. En classe, ces petites pièces stylées avaient le vent en poupe et ses camarades n’avaient de cesse de lui demander comment elles pouvaient s’en procurer. Elle leur répondait qu’elle les faisait fabriquer pour elle-même.
Dès son retour à Paris en 2008, Maureen ressentit le besoin de créer un groupe Facebook où elle posterait des photos de tenues en pagne qu’elle trouvait très belles. Quelques fois, ce sont des photos d’elle-même, vêtue de ses propres créations qu’elle partageait. Tout ça dans l’anonymat, en veillant à cacher son visage. Les demandes d’internautes qui voulaient qu’elle se charge de reproduire les modèles qui leur plaisaient fusaient. Là encore, son intention n’était pas de vendre, mais plutôt de partager sa passion pour la mode et le pagne en particulier. Néanmoins, ce groupe Facebook devint finalement un véritable canal par lequel elle lança sa première vente privée, toujours dans l’optique d’obtenir l’argent pour son voyage en Bulgarie.
Puisqu’elle ne savait pas coudre, elle confectionna les accessoires et confia la couture des modèles à des professionnels. Ensuite, elle posta un petit message sur son groupe : « Venez acheter. J’organise une petite vente privée chez une amie. » . Ce fut pour l’étudiante une véritable révélation. Elle qui s’attendait à recevoir un maximum de dix personnes, se retrouva à gérer deux cents clients. C’est à ce moment qu’elle comprit qu’il y avait un véritable marché pour ses créations. Maureen appela alors l’école des sourds et demanda à ce que son stage soit repoussé de quelques mois, histoire qu’elle ait le temps de se faire plus d’argent. Inutile de vous dire que de vente privée en vente privée, Maureen n’a plus jamais fait ce stage.
Résilience, sacrifices, travail : les ingrédients d’un succès durable
Aucun empire ne s’est bâti sans sacrifices et ce n’est pas Maureen Ayité qui vous dira le contraire. Elle est aujourd’hui la propriétaire de sept boutiques Nanawax en Afrique de l’Ouest. Elle a dans son carnet d’adresses, des clients prestigieux qui viennent de partout dans le monde. Son empire s’étend également au domaine de l’immobilier. Mais tout ça ne s’est pas fait sans obstacles qu’elle a surmontés avec brio.
Après avoir multiplié les ventes privées en France et à Abidjan, Maureen rentre donc à Cotonou et occupe l’arrière-boutique de sa mère pour y vendre ses articles. Elle n’a toujours pas l’intention d’en faire une activité permanente, mais face à la forte demande et à l’affluence de la clientèle, elle commence à voir les choses autrement. C’était l’époque des customisations : Maureen achetait du prêt-à-porter auquel elle associait adroitement du pagne et n’avait pas encore de nom de marque. Puis, quand vient le moment de se professionnaliser, la jeune entrepreneure déclare son activité aux autorités béninoises et se met à la recherche de meilleurs matériaux. Son objectif est de construire un business solide qui perdure. Et ses clients sont réceptifs. Des stars qui veulent porter ses créations la contactent sur les réseaux sociaux. C’est le début d’un succès phénoménal !
Très vite, grâce à sa créativité et son goût sûr, Maureen Ayité se transforme en une vraie styliste et explore ses autres passions, l’immobilier et la décoration d’intérieur. En France, elle sous-louait déjà son appartement lors de ses voyages, bien avant l’avènement d’Airbnb. Elle renoue avec cette activité au Bénin en décorant et en sous-louant de magnifiques appartements. Son premier achat dans l’immobilier fut un terrain sur lequel elle construisit une salle de fête. Celle-ci finira fermée par l’État béninois et Maureen ne sera jamais dédommagée. Comment se relève-t-on quand on perd plus de 100 millions de FCFA, quand un investissement d’une telle envergure part en fumée ? Eh bien, quand on s’appelle Maureen Ayité, on fait preuve de résilience, on établit de nouvelles stratégies et on va de l’avant.
La voilà donc qui déménage définitivement en Côte d’Ivoire et qui vit dans l’arrière-boutique de son magasin abidjanais. Elle se serre la ceinture et investit dans l’achat et la rénovation d’appartements. Elle en apprend un rayon sur l’immobilier en Afrique ainsi que sur les difficultés qui y sont associées. Malgré les retards de livraison, l’incompétence de certains ouvriers et les problèmes avec les entreprises de construction, la persévérante businesswoman atteint ses objectifs. Sa rigueur, son franc-parler et son dynamisme font d’elle, l’heureuse propriétaire de sept appartements, deux villas et un penthouse en Côte d’Ivoire.
Et pendant qu’elle se bat pour prospérer dans l’immobilier, deux grandes marques de textiles l’attaquent en justice : Vlisco et Uniwax. Elle utiliserait des motifs de pagne qui leur appartiendraient et sur lesquels ils auraient des droits. Face à la justice, les plaignants se retrouvent incapables de prouver les droits dont ils disposeraient sur les motifs saisis dans sa boutique. Maureen remporte alors le procès et peut se concentrer entièrement sur ses différentes activités.
Femme d’affaires et d’influence
Très active sur les réseaux sociaux, notamment sur Instagram, Maureen Ayité y compte plus de 100 000 abonnés et ça, c’est dû au storytelling authentique dont elle fait usage quotidiennement. Elle partage des anecdotes et fait vivre à ses abonnés ses aventures quotidiennes. Il y a toujours quelque chose à apprendre sur les stories de l’entrepreneure franco-béninoise dont raffolent ses abonnés.
Et son influence ne s’arrête pas qu’à Internet. Elle fait partie en effet, en 2015, de la liste des trente talents d’avenir citée dans le magazine Forbes Afrique. Elle figure également parmi ces créateurs africains dont les œuvres ont été portées en 2019 par Beyoncé, dans le cadre de son album The Lion King. C’est encore Maureen qui reçoit dans ses boutiques des personnalités de renom, des premières dames qui veulent faire elles-mêmes leur shopping chez Nanawax.
Sa renommée est désormais incontestable. Et comme elle aime bien le rappeler : tout ceci s’est fait sans héritage ni prêt bancaire.
En décembre 2022, la talentueuse entrepreneure reçoit la Médaille de Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres, des mains de la Ministre Française de l’Europe et des Affaires Étrangères, Catherine Colonna, à Abidjan, pour son apport à l’entrepreneuriat et à la mode.
Découvrir l’histoire de Maureen Ayité est un exercice auquel tous les jeunes africains devraient se prêter. Son parcours est la preuve qu’on peut réussir en Afrique, qu’on peut faire de la qualité en Afrique et qu’on peut s’imposer dans ce continent et partout dans le monde. Son histoire est inspirante et nous enseigne que tant qu’on a de la volonté, on peut tout faire.