Réinventer la vente de détail dans le secteur informel, c’est la mission que s’est donnée Daniel Yu en lançant sa start-up Sokowatch. L’idée est née de la volonté d’apporter un modèle qui s’adapte aux besoins des milliers de vendeurs informels qui ne disposent pas de ressources nécessaires pour s’approvisionner en produits, ou accéder à des financements et à des outils de management évolués. À travers sa structure, Daniel Yu veut résoudre les problématiques liées à la vente de détail sur le continent africain.
Mais Sokowatch ne se résume pas seulement à une simple plateforme e-commerce spécialisée dans l’approvisionnement des commerces informels. Basée au Kenya, elle a été créée en 2016 et se démarque par une stratégie qui a su résoudre les problématiques auxquelles sont confrontés les commerçants du secteur informel.
Révolutionner le secteur informel
Associée à des géants de la distribution comme Unilever et Procter, Sokowatch dessert aujourd’hui environ 24 0000 détaillants au Kenya, en Tanzanie, en Ouganda et au Rwanda. Un succès qui s’explique par le fait qu’elle se présente comme un modèle adapté aux besoins des commerçants locaux qui représentent plus de 10 millions de magasins informels, qui chaque année commercialisent environ 180 milliards de dollars de marchandises. Cependant, ces entreprises locales, dont la plupart proposent des produits de première nécessité, rencontrent très souvent des problèmes de stock ou ne savent pas vers qui se tourner pour bénéficier d’un financement.
C’est là que Sokowatch entre en scène. Elle donne à ces petits commerçants la possibilité de commander des marchandises sur sa plateforme à partir de leurs téléphones, par SMS ou via l’application mobile, et de se faire livrer ses articles à la demande, sans avoir à se déplacer physiquement. Les commandes sont livrées par des tul-tuks, des tricycles qui peuvent facilement atteindre les régions les plus éloignées.
Sokowatch pour la gestion logistique des commerces informels
Présente au Kenya, en Tanzanie, au Rwanda et en Ouganda, Sokowatch assure la livraison gratuite de produits de première nécessité à plus de 16 000 magasins informels, leur permet de commander des produits à tout moment et de les recevoir le jour même.
Par ailleurs, grâce à l’historique des commandes, Sokowatch est en mesure de prévoir les futures commandes et par conséquent peut pré-stocker les tuk-tuks pour une livraison rapide. Ces données lui permettent également de mieux organiser son inventaire, d’anticiper les besoins de ses clients et d’améliorer son fonctionnement.
Avec son système élaboré, Sokowatch approvisionne à ce jour plus de 2000 magasins à travers toute l’Afrique de l’Est. Les petits commerces locaux y voient un moyen efficace d’accéder à un service de livraison qui leur permet de ravitailler leurs clients, sans perte de temps et sans dépenser une fortune.
Sokowatch évalue ses clients, les détaillants, en s’appuyant sur l’historique des données d’achat, pour leur donner accès au crédit et à d’autres services financiers qui ne sont généralement pas accessibles aux entreprises informelles.
En outre, elle fournit aux multinationales un réseau de distribution basé sur les données et axé sur le secteur informel des marchés émergents. Grâce à des agents individuels équipés d’outils exclusifs de collecte de données mobiles, Sokowatch augmente considérablement les ventes et la couverture du marché pour les entreprises.
Qui est Daniel Yu, le fondateur de Sokowatch ?
Daniel a une vision claire : faire de Sokowatch le fournisseur numéro 1 des biens et services pour les entreprises informelles en Afrique.
Daniel a travaillé comme développeur de logiciels pour plusieurs jeunes entreprises aux États-Unis et a fréquenté l’Université de Chicago où il s’est concentré sur les études internationales et la linguistique.
Particulièrement enthousiaste à l’idée de permettre aux commerçants de gérer leurs commandes et d’entrer en contact avec les fournisseurs par le biais de la messagerie textuelle d’un téléphone portable, il a fini par abandonner l’université et s’est installé à Nairobi, au Kenya, pour mettre en place le premier pilote de Sokowatch.
Il a reçu une reconnaissance internationale en tant que lauréat du Prince of Wales Young Entrepreneur Prize, désigné par la Maison Blanche comme un entrepreneur mondial émergent, et comme l’un des 30 entrepreneurs sociaux de moins de 30 ans de Forbes grâce à Sokowatch.
Une entreprise qui se démarque
À la différence de Jumia, qui dispose de milliers d’articles dans son catalogue, Sokowatch a fait le choix de se limiter à une centaine de produits de base, afin de garantir une meilleure gestion au niveau des stocks et de respecter les délais de livraison. Comme l’explique son fondateur, cette start-up est au service des acteurs du secteur informel. Le premier objectif est donc de s’assurer que ces petits commerces indépendants disposent des moyens nécessaires pour fructifier leurs avoirs. Une chose qu’ils ne pourront faire qu’en s’appuyant sur un système performant qui leur permet d’éviter les pertes, les ruptures et le gaspillage des denrées périssables.
Par ailleurs, Sokowatch compte s’étendre dans les autres parties du continent, notamment en Afrique de l’Ouest, au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Si le projet sera mis en exécution en 2022 dans le pays de la Téranga, l’entreprise commencera à exercer en Côte d’Ivoire, d’ici à la fin 2021. Une filiale a été déjà mise en place. Et dans ces pays, la start-up s’inscrit dans la même logique, c’est-à-dire fournir des solutions concrètes, qui prennent en compte les réalités actuelles, les difficultés auxquelles font face les commerçants indépendants.
Le but dans les cinq prochaines années est de permettre à Sokowatch de faire son entrée à la bourse américaine Nasdaq. Un pari qu’elle peut très bien gagner vu qu’elle fait déjà partie des entreprises les plus innovantes au monde en 2021 selon le magazine américain Fast Company. Ce média établit chaque année le classement MIC (Most Innovative Companies) qui met à l’honneur les entreprises qui ont su trouver des solutions efficaces aux problématiques urgentes de la population.
Lors de son lancement en Série A, Sokowatch a recueilli environ 14 millions de dollars. Ce qui représente pour son PDG une porte d’entrée pour aller à la conquête de d’autres marchés.