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Moulaye Tabouré ou l’art de faire du commerce en ligne pour les Africains et par les Africains

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ANKA, anciennement connu sous le nom Afrikrea est aujourd’hui considéré comme le visage de l’e-commerce en Afrique, l’Amazon made in Africa. Derrière cette entreprise, se cache une équipe de talentueux Africains à la tête de laquelle se trouve un certain Moulaye Tabouré. Le jeune entrepreneur d’origine malienne a cofondé la célèbre marketplace en 2016 et depuis, le succès est au rendez-vous. Dans les lignes qui suivent, nous vous raconterons l’histoire de Moulaye, le Malien qui a révolutionné le secteur du commerce en ligne en Afrique.

 

Les prémisses d’Afrikrea

 

Le parcours académique de Moulaye Tabouré commença de manière plutôt conventionnelle. Moulaye vit le jour en 1988 à Bamako, au Mali, et y passa son enfance et son adolescence, marquant ainsi les premières pages de son histoire. À l’âge de 19 ans, après avoir décroché son baccalauréat ES, le jeune homme décida de prendre son envol, comme de nombreux jeunes Africains avant lui. Sa destination : la France, pour poursuivre ses études supérieures, empli d’ambition et de détermination.

 

À Paris, Moulaye fit son entrée à l’université Paris Dauphine-PSL pour ses études supérieures. Les années passèrent, marquées par des heures de travail acharné et de dévouement. Finalement, après avoir gravit les échelons de l’éducation, il ressortit de cette prestigieuse institution avec un master en audit et conseil en systèmes d’information de l’entreprise étendue, une discipline cruciale dans le contexte actuel de la transformation numérique des entreprises.

 

Des rues de Bamako aux salles de classe parisiennes, Moulaye Tabouré s’est mis à la quête de l’excellence académique et de l’expertise dans un domaine spécifique, afin d’apporter sa contribution à l’économie de son pays. Au cours de ses années d’enseignement supérieur, Tabouré réussit à obtenir quatre offres d’alternance parmi lesquelles il devait effectuer un choix. Finalement, il décide de rejoindre les rangs de KPMG, affichant une détermination inébranlable à travailler durement pour atteindre une certaine indépendance financière.

 

Cependant, malgré tous ses efforts et sa bonne volonté, le jeune homme a finalement été licencié de son poste. Son côté atypique qui ne rentre pas dans les cases des entreprises classiques ne convient pas à ces employeurs. Cette période très difficile ne suffit pourtant pas à le décourager. Il se relève bien vite car il ne veut pas rentrer au bercail sans avoir accompli de grandes choses. Il a alors la brillante idée de contacter l’un des cabinets dont il avait reçu une proposition d’alternance et réussit à s’y faire embaucher.

 

Par la suite, il intègre Alstom Group, une multinationale française où il exercera en tant que chef d’équipe de l’audit interne. A ce poste, la jeune recrue n’a pas à se plaindre. Son travail lui permet de voyager et de découvrir le monde. Mais plus le temps passe, plus Moulaye croit que l’Afrique a besoin de se développer et qu’il peut y contribuer à son échelle.

 

Au détour d’une conversation, son ami, Abdoul Khadry Diallo, lui parle de son projet de plateforme dédiée aux artisans et il décide de le rejoindre. Pendant deux ans, il va se consacrer à mi-temps à ce projet. Il va découvrir l’univers des startups et de la levée de fonds. Puis, il va réaliser qu’il doit faire un choix : rester chez Alstom ou se consacrer entièrement à ce nouveau projet. Il se décide pour la seconde option, démissionne de son poste et, avec son ami et associé, déménage à Lille, la seule ville de France où ils ne connaissent personne. C’était en 2015.

 

A la fin de l’année, les deux associés accueillent un troisième collaborateur, Luc Boubacar Perussault Diallo. Ils lancent officiellement la plateforme Afrikrea au début de l’année 2016 et sont les premiers témoins des résultats d’un travail acharné et soutenu : 60 000 euros de transactions par mois contre 6000 euros par mois six mois plus tôt. Après ces premiers résultats très encourageants, l‘entreprise se lance dans des levées de fonds qui lui permettent de croître et de payer des salaires. Puis à un moment, Moulaye est convaincu que l’avenir d’Afrikrea ne se jouera nulle part ailleurs qu’en Afrique francophone.

 

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Le retour en Afrique de Moulaye Tabouré

 

Revenir en Afrique a toujours été le rêve de Moulaye Tabouré. Pour avoir vécu en Europe, il sait ce que c’est que d’être la minorité et il ne tient pas à ce que sa descendance grandisse dans un tel environnement. Délocaliser Afrikrea est l’occasion parfaite de faire son retour aux sources. Ses collaborateurs et lui décident alors de réaliser des tests dans deux pays d’Afrique de l’Ouest. Ils passent une semaine au Sénégal puis une autre en Côte d’Ivoire avant de se décider pour le second pays.

 

A partir de ce moment, Afrikrea devient à part entière LA solution qui permettra aux créateurs de rentabiliser leurs activités et de montrer au monde leur savoir-faire. En effet, la plateforme permet à ses clients de vendre leurs produits, de les expédier partout dans le monde et d’être payés rapidement partout en Afrique. En plus, l’entreprise leur propose de gérer leurs ventes et leurs stocks depuis la plateforme grâce à un tableau de bord personnel. Il ne s’agit pas là d’une vulgaire copie d’Amazon.

 

Ce qui différencie Afrikrea de la société de Bezos, de Jumia ou encore d’Alibaba, c’est le fait que la plateforme soit en priorité dédiée aux créateurs de mode, d’art et aux artisans africains. C’est le pont par lequel ces acteurs parfois oubliés de l’économie de nos pays africains peuvent s’exporter et dévoiler leur travail au monde. Afrikrea leur permet de sortir du quartier, de sortir de leur ville et de faire voyager leurs créations dans le monde entier.

 

Cette visibilité, de nombreux Africains talentueux en avaient cruellement besoin. En 2023, Afrikrea peut se targuer de l’offrir à ses clients. En vérité, c’était la vision derrière tous les efforts déployés par Moulaye et son équipe. Une vision qui semble aujourd’hui avoir pris corps et dont l’impact est désormais bien visible et surtout mesurable. Afrikrea, c’est 500 000 visiteurs par mois, près de 7 000 vendeurs présents dans 47 pays africains et proposant leurs produits dans plus de 170 pays. C’est aussi plus de 10 tonnes de marchandises acheminées mensuellement.

 

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De prouesse en prouesse, Moulaye Tabouré révèle Anka

 

Depuis la création de la plateforme à nos jours, de nombreux moments ont marqué les vies de Moulaye Tabouré et de sa startup. Dans ce jeu du business, le jeune homme semble avoir tout gagné. En 2018, il figurait dans le célèbre FORBES AFRICA’s Under 30 regroupant les jeunes acteurs du changement les plus prometteurs du continent. Puis en 2022, il s’illustre avec une gigantesque levée de fonds. Il s’agit de 6,2 millions $ qui ont permis à la startup d’amorcer une nouvelle phase de sa croissance.

 

Dans la foulée, le PDG présentera au monde entier ANKA, la nouvelle identité de son entreprise. Ce nouveau nom marque un changement majeur dans la vie de la marketplace qui offrira désormais plusieurs services : l’expédition, le paiement et la gestion des commandes via une boutique en ligne et un site personnel.

 

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Tabouré sait très bien ce qu’il fait et chaque pierre qu’il pose au sein de son entreprise contribue à la réalisation d’un édifice plus grand qui finira par profiter à cette allure à toute l’Afrique. Aujourd’hui, après que son principal objectif ait été atteint, Moulaye ne veut plus qu’ANKA se limite seulement aux artisans et créateurs. Il prévoit que l’entreprise s’ouvre à tous les secteurs qui désirent exporter des produits africains.

 

Une personnalité qui s’est forgée au fil des années

 

Avant de devenir le PDG et l’un des cofondateurs d’Afrikrea, Moulaye était un individu doté d’une détermination inébranlable. Il se caractérise par une aversion pour la défaite et une quête incessante de l’excellence. Son insatiable désir d’occuper la première place l’a constamment motivé à se perfectionner et à donner le meilleur de lui-même depuis son retour sur le continent africain. Il est indéniable que cette quête de l’excellence a grandement contribué à positionner Afrikrea en tant que première marketplace en Afrique.

 

A l’école, Moulaye affirme n’avoir été qu’un cancre bavard pendant les premières années de sa vie scolaire. Jusqu’à ce que cette professeure appelle ses parents et leur explique que Moulaye préférait gâcher son talent à papoter en classe. Une intervention salutaire puisque suite à cet appel, le garçon se retrouve puni toutes les vacances, obligé à occuper son temps libre sainement. Lui qui était si mauvais en mathématiques, finit par s’intéresser à cette matière et devient un jeune homme brillant en classe.

 

Tandis que ses pairs suivent assidûment leurs cours, Moulaye, quant à lui, éprouve de l’ennui, se plonge dans la lecture de mangas et parvient tout de même à obtenir d’excellentes notes.

 

Cependant, il convient de noter que le futur entrepreneur n’est pas devenu un élève exemplaire par contrainte ou menace, mais plutôt par sa compréhension profonde qu’être parmi les meilleurs offre des opportunités significatives. Cette mentalité a perduré tout au long de sa vie adulte, l’incitant à cultiver l’auto-motivation et la discipline, même lorsqu’il se sentait enclin à la paresse. En effet, Moulaye se décrit lui-même comme un feignant. Un feignant qui a toujours su ce qu’il voulait : faire de l’argent. Il ne s’est pas découragé face à l’avis des professeurs qui auraient voulu le voir dans la série S à cause de ses brillantes notes en physique. Moulaye se projetait mieux en ES et personne n’a pu le dissuader de faire son bac dans cette série.

 

Quant à son obsession pour l’argent, elle a fini par passer avec le temps. Moulaye a en effet eu la chance de vivre dans un milieu élitiste. Bien qu’il n’ait jamais manqué de rien, le jeune homme réalise très tôt qu’il attend encore plus de la vie, qu’il veut avoir le choix et ne pas se contenter de peu. Mais, avec le temps, il finit par réaliser que ce n’est pas qu’une question d’argent. En réalité, Tabouré veut être libre, vivre une vie professionnelle qui lui permet de travailler de n’importe où, de vivre où il veut, sans contraintes, sans que l’avis des autres ne l’entrave. Aujourd’hui, il a atteint ses objectifs après avoir consenti beaucoup de sacrifices.

 

La période de ses études en France a été particulièrement édifiante. Ces années lui ont permis de déconstruire certaines idées reçues et d’être encore plus autonome qu’il ne l’était en Afrique. A la fac, il n’y avait que 8 noirs dans un établissement de 800 élèves. Si au départ, le jeune homme avait du mal à sympathiser, il finit par y arriver parce qu’après tout, il est important de s’intégrer. Mais dans le fond, Moulaye n’a pas vraiment changé. Il est resté le même garçon qui a toujours chéri ses moments de lecture de mangas. Très transparent et conservant une certaine innocence, Moulaye a réussi à hisser le nom d’ANKA en restant lui-même.

 

Quant à son expertise, celle-ci n’a cessé de croître au fil des années. La levée de fonds, la gestion de l’argent, l’entrepreneuriat en Afrique, Moulaye est devenu une personne ressource, un talent à qui on peut sans crainte demander des conseils dans ces domaines.

 

A la base auditeur interne, le CEO et cofondateur d’ANKA, Moulaye Tabouré s’épanouit très bien dans ce qu’il fait actuellement. Il fait parler de lui et sa plateforme est une référence mondiale. C’est un exemple pour tous les Africains de la diaspora qui hésitent à revenir entreprendre en Afrique. Moulaye est la preuve qu’on peut réussir partout dans le monde et encore plus en Afrique. Le continent regorge de talents et de secteurs d’activités inexploités. C’est le moment de se retrousser les manches et de se mettre au travail car personne ne viendra le faire à notre place.