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Tidjane Dème, la figure emblématique de la tech africaine qui accompagne les entrepreneurs

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Si vous vous intéressez quelque peu à la tech en Afrique, vous ne pouvez pas ne pas avoir entendu parler de Tidjane Dème. Mais que savez-vous de son parcours ? Directeur Général de Google Afrique à, à peine, 34 ans, puis à la tête de Partech Africa, l’un des plus grands fonds d’investissement dédiés à la technologie sur le continent, l’ascension de Tidjane Deme dans le monde de la tech a été tout sauf ordinaire. Originaire du Sénégal, Tidjane incarne la convergence de l’innovation et de l’engagement envers le potentiel de l’Afrique en matière de technologie. Son cheminement est à la fois un témoignage de l’évolution de l’entrepreneuriat africain et un exemple inspirant pour les générations actuelles et futures. De ses débuts en France à son rôle prépondérant au sein de Google Afrique, en passant par sa position de leader chez Partech Africa, il a su repousser les limites et ouvrir des voies nouvelles dans le paysage technologique africain en pleine expansion. Dans cette Fanaka Story, nous plongerons dans le parcours de Tidjane Deme, le salarié au cœur d’entrepreneur.

 

Tidjane Dème : les prémices

 

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Crédit Photo : Joseph Hill

 

Né à Médina, un quartier populaire de Dakar, Tidjane vient d’une famille d’érudits religieux issue de l’exode rural. Originaires du Saloum, un village du Sénégal, les Dème sont des maîtres coraniques, de génération en génération. L’héritage de Tidjane, c’est donc un savoir et une érudition qu’il a chéri toute sa vie. Dès l’âge de trois ans, sa formation a débuté dans une école coranique où il a étudié l’arabe avant que ses parents ne décident de l’inscrire dans une école française. Ce choix a ouvert la voie à une double éducation marquée par un équilibre subtil entre ces deux univers qui ont façonné son parcours scolaire

 

Son parcours académique s’est donc déroulé au sein de plusieurs établissements au Sénégal. Celui-ci est entamé à l’école française de Colobane 1 pour le primaire, et a été poursuivi au Lycée Maurice Delafosse de Dakar, où il a obtenu son baccalauréat en 1993 avec mention. Il s’envolera ensuite vers la France pour y effectuer ses études supérieures. Après deux années préparatoires au Lycée Jacques Decours, il intègre l’École Polytechnique X de Paris où il obtient brillamment un master en physique et mathématiques en 1997. Cette formation lui a servi de base solide à sa compréhension des sciences et de la technologie. Deme a complété son parcours académique par un cursus à l’Imperial College London en 1997, élargissant ainsi ses horizons académiques. En 1999, il décrocha un diplôme de l’ENSTA Paris en systèmes d’information, télécommunications et informatique, renforçant davantage ses compétences et son expertise dans des domaines essentiels de la technologie.

 

Pendant ces différentes années loin du cocon familial, le jeune homme apprend beaucoup. Il se forme, s’adapte à un nouvel environnement culturel, se découvre une énorme résilience. Il finira avec quelques blessures mais reste persuadé qu’il a été chanceux d’avoir rencontré les personnes qu’il a connues. “Cette histoire est très commune. C’est celle de beaucoup d’étudiants africains qui se retrouvent sur un autre continent pour étudier. C’est une histoire de choix, mais aussi de non-choix”, dira-t-il. En tout cas, Tidjane a su faire les siens, tout en restant fidèle à ses aspirations et à ses origines. Son parcours académique a ainsi jeté les bases de sa carrière impressionnante et son rôle en tant qu’acteur clé dans le secteur technologique africain.

 

Un parcours professionnel riche pour apprendre et raffermir les convictions de Tidjane Dème

 

Les premières expériences professionnelles de Tidjane Dème furent marquées par des périodes d’apprentissage intensif et l’occasion d’établir de nouvelles rencontres précieuses. Sa première expérience débuta en 1999 au sein de Cap Gemini. À ce moment-là, il était le plus jeune et le moins expérimenté de l’entreprise. Néanmoins, son désir de progresser était ardent. Recruté en tant que consultant junior spécialisé dans les domaines des médias et des télécommunications, il gravit les échelons pour devenir consultant sénior. Sa contribution au sein de cette organisation se concentra sur le développement et l’architecture de systèmes, des domaines exigeants et cruciaux dans le secteur des technologies de l’information.

 

En 2001, il se fait embaucher par Cosine Communications, une start-up de la Silicon Valley en Californie, au poste de consultant pendant plus d’un an. L’environnement est stimulant et il y atterrit à une époque où les télécommunications connaissent un gros boom. Autour de lui, “tout le monde pensait finir dans une startup qui allait prospérer, ferait son entrée en bourse et finirait millionnaire” confie- t-il. Cette mentalité a fortement favorisé l’esprit entrepreneurial du jeune homme qui participa à son premier projet entrepreneurial pendant son séjour à la Silicon Valley. Il aura vécu toutes les étapes d’un projet, de la théorisation de l’idée au lancement du projet, en passant par la levée de fonds. Mais, cette première expérience se solde par un échec. Pourtant, il en ressort avec la conviction qu’un jour, il créera une entreprise qui prospérerait dans le domaine de la tech.

 

Pendant ce temps, la société où il est employé connaît des difficultés. Il y aurait probablement des licenciements et il est fort probable qu’il fasse partie de la vague de salariés bientôt au chômage.

 

Cette projection peu reluisante fait pourtant germer en lui l’idée d’un projet qui, à la base, n’est pas du tout fait pour être déployé au Sénégal. Il se rend ensuite compte que son père lui manque et qu’il aimerait passer plus de temps avec lui. Il ressent le besoin de rentrer et réalise que, contrairement à ce qu’il pensait, son projet a finalement beaucoup de sens en Afrique au Sénégal. La charrette de licenciement arrive donc et il n’en fait pas partie. Cependant, mentalement, il n’était plus en Occident ; son esprit était déjà ancré au bercail. C’est là, dans son Sénégal natal qu’il a commencé à élaborer son projet professionnel tout en consacrant davantage de temps à son père. Dans le but de concrétiser ce rêve qui lui tenait tant à cœur, Tidjane prit une décision audacieuse : échanger sa position avec l’un de ses plus proches amis, qui lui faisait partie des employés licenciés. Son ami reste. Tidjane part avec une indemnité qui lui permettra de lancer son entreprise.

Retour à Dakar

 

Le plan de Tidjane consistait à lancer une plateforme de type Saas (Software as a service), à destination des PME et TPE, par laquelle elles auraient accès aux ressources technologiques de manière partagée. Il est bien préparé mais il se plante lamentablement et enterre son projet au bout de trois ans à tenter de le faire prospérer. Ce flop lui enseigne beaucoup sur « le fait qu’un entrepreneur devrait être entouré de bienveillance et ce, peu importe le dénouement de son projet ». Il apprend également à ses dépens que si l’entrepreneur doit être résilient, persévérant et têtu, il faut aussi qu’il sache comment se retirer quand les choses tendent vers leur fin.

 

Après ce premier projet, Tidjane crée en 2002, une entreprise de conseil et de gestion de projets qui connaît le succès et qui arrive à exporter ses services dans la sous-région. Rétrospectivement, son retour à Dakar s’est avéré être un choix judicieux, marqué par un succès professionnel qui a confirmé sa décision. À cette étape de sa vie, alors que l’homme avait déjà accumulé une expérience entrepreneuriale significative, une opportunité s’est présentée. Il apprend qu’une équipe de Google s’apprêtait à visiter le Sénégal pour découvrir le marché.

 

Mis en relation avec la société, Tidjane commence par collaborer avec Google qui parle alors de lancer un bureau en Afrique et lui propose d’en être le représentant. Au départ, il n’était pas intéressé. Il aimait être son propre patron et n’avait plus envie de travailler pour qui que ce soit. Même pas pour Google ! Un an plus tard, une connaissance lui téléphone et lui reparle de ce projet qui était finalement resté en suspens parce que le géant de la tech ne trouvait personne pour le représenter en Afrique. Son nom aurait été mentionné dans la conversation. Sa connaissance lui suggère donc de recontacter l’entreprise. À ce moment, il s’ennuyait un peu et voyait cette opportunité comme un moyen de faire quelque chose avec plus d’impact. Le plus important est que le projet de Google auquel il est invité à prendre part lui donne assez de liberté entrepreneuriale, un facteur très important pour Tidjane. Sa mission consistait à développer internet sur le continent en bossant sur l’infrastructure, les compétences techniques et entrepreneuriales ainsi que les contenus. C’était en 2009.

 

Finalement, lors de son passage à Google, il aura ouvert le bureau de l’entreprise en Afrique francophone, coordonné les efforts de l’écosystème pour soutenir les communautés de développeurs et les startups technologiques dans plus de 15 pays, dirigé la stratégie de contenu africain de Google, développé YouTube sur 6 marchés. Il a également dirigé le développement commercial des investissements du géant technologique dans les infrastructures en Afrique.

 

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L’aventure se termine quelques années plus tard, en 2016, et encore une fois, Tidjane apprend énormément de choses : management, gestion de l’innovation, nouveaux skills. En sept ans, il aura fait le tour. Il a même eu plusieurs vies, a fait le tour de l’Afrique et eu l’impact qu’il espérait tant. En 2016, il rejoint Partech en tant que General Partner et co-leader de Partech Africa Fund, le fonds technologique multi-étapes de Partech exclusivement dédié aux marchés numériques africains. Son parcours entrepreneurial et professionnel en fait le candidat idéal pour ces deux postes. Le portefeuille de Partech comprend 210 entreprises dans 40 pays d’Afrique, d’Asie, d’Europe et des Etats-Unis. En Afrique, Partech a investi entre autres dans TradeDepot, Yoco, Wave, Nomba (ex-Kudi), Gebeya, ChatDesk, Reliance Health, MoneyFellows, TerraPay, Tugende, Almentor.

 

En plus de son travail chez Partech Africa, Tidjane Deme est également un membre actif de la communauté entrepreneuriale africaine. Pour quelqu’un qui avait soif d’impact et de liberté entrepreneuriale, il avait réussi. Il avait trouvé son “sweet spot”. Il y vit et il s’y épanouit tout en aidant les entreprises et les start-up africaines. Son prochain rêve ? Devenir enseignant !

 

Après avoir travaillé chez Cap Gemini et Cosine Communications, Tidjane Deme a rejoint Google où il a travaillé en tant que directeur des partenariats en Afrique francophone. Il a joué un rôle clé dans l’expansion de la présence de l’entreprise sur le continent. Ayant rejoint plus tard la société de capital-risque Partech, il a dirigé le lancement de Partech Africa, le premier fonds d’investissement de Partech Ventures dédié à l’Afrique. Depuis lors, Tidjane a joué un rôle clé dans l’investissement de plusieurs startups africaines en pleine croissance. C’est une figure éminente du monde de la tech et de l’entrepreneuriat. Son parcours est un exemple de persévérance et de détermination. Ces différentes expériences témoignent de la détermination de Tidjane Deme à acquérir des compétences utiles dans un environnement en constante évolution. Elles constituent également les fondations solides sur lesquelles il a construit une carrière professionnelle remarquable, caractérisée par son expertise dans le domaine du numérique